Pékin démissionne le numéro un de Hong-Kong

Publié le par Louis Selapa

Pékin a démissionné le numéro un de Hong Kong, Tung Chee-hwa, dans le but de couper l'herbe sous le pied des opposants démocrates qui réclament l'instauration du suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique, croit savoir mercredi la presse locale.

Le chef de l'exécutif de Hong Kong, nommé à ce poste par un collège électoral acquis au pouvoir communiste chinois, a remis sa démission il y a deux semaines. Son départ, officiellement pour raisons de santé, a été accepté par le Parti communiste chinois (PCC), croit savoir le quotidien de langue anglaise The Standard, citant des sources proches du dossier à Pékin.

Le quotidien affirme que M. Tung quittera son poste le 12 mars, immédiatement après la proclamation de sa nomination en tant que vice-président de la Conférence politique consultative, un comité pékinois qui conseille le pouvoir.

L'intéressé a refusé de confirmer ou démentir ces informations. "Je sais que vous avez de nombreuses questions mais je vous en parlerai à un moment approprié", a-t-il déclaré à la presse à son arrivée à Pékin pour participer à la session annuelle du Parlement.

Le numéro un de Hong Kong, âgé de 67 ans, était devenu en 1997 le premier chef de l'exécutif de l'ancienne colonie britannique, redevenue chinoise la même année. Il avait été par la suite reconduit à ce poste en 2002 pour un mandat de cinq ans qui doit s'achever théoriquement le 1er juillet 2007.

Sa démission était pressentie depuis de longs mois, en particulier depuis une sévère remontrance du président chinois Hu Jintao qui avait publiquement critiqué en décembre M. Tung, l'invitant publiquement à "placer les intérêts de Hong Kong et les intérêts de la nation à long terme en première place".

Celui que l'on qualifie souvent d'"homme de Pékin" a été victime d'une forte baisse de popularité, due à sa gestion cahotique de multiples crises : le krach boursier de la fin des années 1990, l'épidémie de pneumonie atypique, qui a fait 299 morts à Hong Kong en 2002-2003, et surtout les revendications grandissantes pour plus de démocratie.

Par deux fois, les 1er juillet 2003 puis 2004, 500 000 des quelque sept millions de Hongkongais sont descendus dans la rue, réclamant l'instauration d'un suffrage universel direct pour le choix du chef de l'exécutif et des députés. Cette option est soutenue par une majorité de la population, selon les sondages, mais elle est catégoriquement rejetée par Pékin qui s'inquiète de plus en plus de cette montée de la contestation.

La "démission" de M. Tung a ainsi "une plus grande raison politique", explique Anthony Cheung, politologue à la City University. "Celle de mettre un terme au débat politique sur la réforme constitutionnelle dans la ville", ajoute l'expert.

Les démocrates réclament le suffrage universel dès la fin théorique du mandat de M. Tung, soit 2007. Si ce dernier est remplacé dès cette année, la nomination de son successeur n'interviendra que dans cinq ans, repoussant ainsi à 2010 la question d'une élection, explique le politologue.

"Cela rend le débat sur 2007 insignifiant", lance-t-il.

"Le moment est bien choisi", ajoute Ivan Choy, politologue à l'Unisersité chinoise de Hong Kong.

Le South China Morning Post, citant des sources pékinoises, affirme que M. Tung sera remplacé par Donald Tsang, actuel numéro deux du gouvernement de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong.

 

Sources : AFP, The Standard, South China Morning Post

Publié dans Nouvelles de Chine

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